
Casablanca, Maroc (ADV) – Abus policiers, expulsions “à chaud”, mauvaises conditions d’accueil, la politique migratoire espagnole dans les enclaves de Ceuta et Melilla interpelle la communauté internationale.
Aux portes d’une Europe qui ne veut pas d’eux, les migrants croient en un eldorado occidental dont ils ne savent hélas pas les dures réalités.
La plupart sont originaires de pays autrefois colonisés par la France. Ces Africains dont les grands-parents ont donné leur vie pour les intérêts d’une Europe de l’Ouest occupés par les nazis, sont aujourd’hui accueillis en terre africaine, elle-même occupée, par les coups et les bâtons des militaires espagnols.
Méconnues des Espagnols eux-mêmes, Ceuta et Melilla sont deux villes et enclaves, vestiges d’un empire colonial révolu. Les enclaves occupées par l’Espagne de Ceuta et Melilla, situées sur la côte méditerranéenne du Maroc, forment les seules frontières terrestres euro-africaines.
En 1956, au moment de l’indépendance du Maroc, l’Espagne refuse de quitter les deux enclaves de Ceuta et Melilla.
Dès 1961, soutenu par tous les pays arabes, l’Organisation de l’Unité Africaine ainsi que par l’URSS, le Maroc porte ses revendications légitimes sur les deux villes devant l’Assemblée générale de l’ONU.
Fier de son appartenance africaine, le Maroc au fil des années s’est transformé en terre d’accueil des migrants subsahariens. Le pays leur accorde des cartes de séjour chaque année pour régulariser leur situation.
Amnesty International dénonce dans ses rapports les pratiques “non conformes au droit international” utilisées par l’Espagne à la frontière des deux villes occupées.
Bien souvent qualifiés de “territoires de non-droit”. L’Espagne a construit à Ceuta et Melilla des barrières grillagées de 6 mètres de long avec des lames hautement tranchantes.
Les académiciens du droit international qualifient cette barrière de nouveau mur de la honte, après celui construit par les États-Unis d’Amérique à la frontière mexicaine.
Les migrants subsahariens choisissent de vivre dans les villes avoisinantes de Ceuta et Melilla dans l’attente d’une opportunité pour franchir la frontière.
Ces assauts de tous les dangers font souvent des victimes tombées sous les balles des garde-frontières espagnols à Ceuta et à Melilla.
Pour les heureux qui réussissent la traversée, leur bonheur ne dure pas si longtemps.
Les ONG de défense des droits de l’homme reprochent à Bruxelles et aux autorités espagnoles les conditions difficiles d’hébergement des migrants dans les centres (CETI) des deux villes espagnoles.
Les centres sont aussi surpeuplés : jusqu’à 10 migrants par chambre de 30 mètres carré.
Tous les rapports s’accordent sur les discriminations subies par certains d’entre eux en fonction de leur nationalité, et le manque de protection des personnes les plus vulnérables comme les handicapés ou les victimes de traite humaine.
Selon le directeur d’Amnesty International Espagne, Esteban Beltrán, la loi sur l’asile n’est pas appliquée non plus de la même manière à Ceuta et Melilla et dans la péninsule ibérique. “Certaines nationalités, comme les Marocains ou les Algériens, sont victimes de discrimination lorsqu’ils sont transférés vers la péninsule et ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin”, déplore-t-il.
Le Maroc par ailleurs continue de militer pour les droits des Africains à jouir de conditions honorables et de laisser passer pour circuler librement.
La Conférence intergouvernementale relevant des Nations unies pour l’adoption du Pacte Mondial pour les migrations, se tiendra à Marrakech, au Maroc, les 10 et 11 décembre 2018.
Les nations africaines n’imposent pas de visas aux citoyens européens qui souhaitent visiter leur riche continent.
Les dirigeants européens sauront-ils se saisir de ce concert des nations au Maroc pour rendre aux Africains leurs dignités longtemps volées ?
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